L'ORIGINE

Il est intéressant de noter que le nom de paravent se scinde en deux parties PARA ( protéger) et VENT, et que l'on retrouve dès l'origine au Japon par BYOBÛ pour BYO (mur) et BÛ (vent) ou en Chine PING FEN pour PING (adorable) et FEN (bouclier).
    Récit épique Japonais de la fin du XVII ème Siècle                Byobu de 6 panneaux datant du XVll ème siècle

Depuis sa création en Chine, et sous la dynastie Han, commençant en - 206 avant JC et se terminant en 220 après JC... les paravents n'ont eu de cesse de se diversifier et d'évoluer. Au départ simple panneau de bois sur pied ayant fonction d'empêcher le vent de souffler dans les pièces, puis transformé avec des panneaux de soie ou de papier, nous retrouvons ces paravents de nos jours en support d'artistes et de créateurs, ayant des fonctions ajoutées comme des éclairages, des supports de plantes, des supports de bougeoirs, des étagères incorporées, des miroirs, des porte-photos ...

Très rapidement en Asie les grands maitres Chinois ont peint des paravents, puis en Europe tout s’accélère vers 1900 avec l'apparition des premiers modes de chauffage qui apporteront par la suite une dimension nouvelle au paravent pour Watteau, Boucher, Corot, Cézanne, Vuillard, Chagall et bien d'autres ... qui utilisent toutes les palettes de leur art sur ce support.

Utilisé en Europe dans les châteaux et les manoir depuis le XVII ème siècle et à des fins utiles de brise-vent et de brise-vue, le paravent se transformera et réclamera pas moins les talents de professionnels émérites comme d’ébénistes, de décorateurs, de designers, de peintres, de tapissiers pour produire des chefs-d’œuvre hors du commun. Le paravent utile devient alors un meuble contemplatif, mi-paravent et mi-tableau, et qui se prêtera in fine à l'industrie avec une aisance et un culot comme jamais aucun meuble auparavant !



Certains styles se différencient au cours des temps comme le courant NANGA, le KANO avec des techniques à l'encre de Chine, le RIMPA très coloré, le SOGA avec déclinaisons de faucons...

Les paravents Japonais eux, ont la particularité de se lire de droite à gauche, illustrant des personnages et réalisant un récit sur des faits de la vie quotidienne, puis ce sont les Coréens et leurs mécènes qui portèrent les paravents au pinacle avec des chefs d’œuvre de très grande qualité..
Si les thèmes des décors, animaux, fleurs, personnages, paysages ... se déclinaient à foison, un aspect plus spirituel se détachait en parallèle et l'on prêtait volontiers, à ces panneaux de bois verticaux articulés, celui de faire obstacle aux esprits.

Dès le VIII ème siècle les Japonais  ont utilisé le paravent sous une autre forme, encore bien ancrée dans la culture traditionnelle, celle de cloison d'intérieur, facile à déplacer, légère et lumineuse, les panneaux de bois sont en papier et les charnières sont en lanières de cuir ou en cordons de soie. Le BYOBÛ fait son apparition !

C'est au XV ème siècle que la magnificence des décors explose avec l'apparition des dorures à la feuille d'or, les Britanniques en importent en Europe et ces paravents font instantanément fureur dans les cours Européennes. Au XVI ème siècle des marchands Hollandais en amèneront même des cargaisons entières. On se prête à dire que c'est Mme de Rambouillet qui en lança la mode en France, férue de la Compagnie des Indes et initiatrice du premier grand salon Parisien ou se côtoient Corneille, Mme de Sévigné et Malherbe. On a même pu voir en Europe des paravents larges de 20 panneaux !



Puis ce fut la vogue des paravents en trompes l’œil dans les années 1950, largement utilisé sur les scènes de théâtre.

Planéité et spatialité,  un paravent est comme un meuble mobile et plat, prenant son volume de par sa structure et son décor, offrant une dimension artistique et ayant une utilité ou une futilité dont les intérêts de chacun y trouveront toujours un sens...

2014.... Prototypes de "paravents éventail" du designer Johner Christophe en cours de réalisation

Certains paravents d'époque exceptionnellement conservés atteignent aujourd'hui des montants élevés et justifiés car ce sont de véritables œuvres d'art portés par l'histoire, la littérature et l'incroyable volonté humaine ...

L'histoire du paravent s'écrit tous les jours 

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